Nous avons repris l’idée d’Erathostène, et comme les géométries des mondes virtuels sont beaucoup plus riches que celle du monde réel qui nous entoure, nous l’avons généralisée, si bien que pour comprendre la vraie géométrie de la bibliothèque virtuelle, telle qu’induite par les livres et les lecteurs, nous avons en quelque sorte multiplié à l’envi les mesures locales pour capturer les particularités géométriques de la bibliothèque virtuelle jusque dans leurs moindres détails. Force a été de constater que cette bibliothèque virtuelle n’est ni plate, ni ronde, et qu’elle peut prendre des formes très diverses en fonction des livres, des lecteurs, des habitudes de lecture et de leurs variations.
Qui peut le plus peut le moins: la modélisation complète de la géométrie de la bibliothèque virtuelle nous permet évidemment de saisir le vrai voisinage d’un livre, et donc de réaliser des recommandations plus pertinentes que celles pratiquées “à la Amazon”. Mais là où Amazon est obligé de s’arrêter aux recommandations locales dans la valorisation de sa bibliothèque, à cause de l’ingénuité de sa méthode d’arpentage, nous pouvons nous permettre de monter considérablement en exigence dans l’utilisation de la description globale de notre bibliothèque.
Notre vision d’ensemble de la bibliothèque nous permet par exemple de trouver automatiquement la classification “à la Dewey” qui lui serait la mieux adaptée pour calculer les étagères de ses livres et les présenter à l’ensemble de ses lecteurs. Evidemment, cette classification est dynamique: elle chan- gerait avec les habitudes de lecture, pour présenter une architecture globale de la bibliothèque toujours en phase avec son lectorat. Notre vision d’ensemble de la bibliothèque nous permet également de proposer au lecteur de regar-der bien plus loin que le bout de son livre. En lui proposant des parcours de lecture partant de ce livre, nous sommes à même de reproduire à l’identique dans la bibliothèque virtuelle les promenades qu’un visiteur réaliserait pour partir à la découverte d’un lieu géographique. Partant d’un livre sur la cuisine épicée, la machine serait à même de construire une promenade initiatique amenant le lecteur à la découverte des pays d’origine des épices en question, voire même de contrées insoupçonnées, ayant pourtant un lien indirect avec ces épices, et associées via les parcours de lecture des autres lecteurs. L’intelligence communautaire devient donc une excellente source de sérendipité.
Partant d’un livre, la machine peut construire des parcours de lecture, passant progressivement des thématiques intéressant directement le lecteur à des thématiques susceptibles de l’intéresser à cause des associations faites par les autres lecteurs sur les mêmes livres.
De façon plus générale, les approches locales telles que pratiquées par Amazon ont un inconvénient que notre vision d’ensemble de la bibliothèque virtuelle n’a pas: en dehors des ouvrages les plus consultés, une part importante des livres moins lus prend le risque de se retrouver orpheline de re- commandations, puisque celles-ci se concentrent uniquement sur les livres les plus lus. Ce problème n’existe pas chez nous, puisque la construction virtuelle de la bibliothèque utilise absolument tous les livres.
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