Les marchés financiers ont souvent mauvaise presse. C'est bien dommage et souvent infondé. Au risque de paraître paradoxal, on peut dire que nous ne souffrons pas d'une hypertrophie de marchés financiers. Bien au contraire! L'économie mondiale pâtit d'un nombre insuffisant de marchés financiers, insuffisance qui nuit à la croissance économique.
Croissance et richesse sont les deux versions du même Saint Graal. Ce Graal économique est aussi difficile à cerner que celui de la Geste Arthurienne. Sa quête a mobilisé les talents d’économistes, d’historiens, de sociologues, d’anthropologues. Pourtant, la brûlante question posée par David S. Landes : «Pourquoi sommes-nous si riches et pourquoi sont-ils si pauvres?» reste sans réponse convaincante. Les inégalités de richesse sur la planète restent criantes. L’économiste Péruvien Hernando De Soto a récemment suggéré que le vrai problème n’était pas l’absence de capital dans les pays pauvres mais bien plutôt l’absence de droits de propriété sur ce capital dûment définis et applicables. Dans les pays pauvres, le capital, quel qu’il soit, est mort et le reste.
Dans cet article, nous proposons une explication complémentaire à celle de De Soto : la fracture du partage des risques («the risk-sharing divide»). Le destin de trop nombreuses populations, de trop nombreuses entreprises, de trop nombreux pays demeure dicté par un immense jeu de hasard, particulièrement dans les pays défavorisés qui ont souvent la particularité d’être sous-diversifiés. Ce jeu de dupes est perpétué, entretenu par les louvoiements de nombreuses élites gouvernantes, tant dans les pays développés que sous-développés, qui privent trop souvent les individus, les collectivités, les entreprises des libertés financières les plus élémentaires. Ceci engendre des inégalités injustifiables et inacceptables. Ces inégalités empêchent les individus d’accumuler du capital. Ils en sont contraints à «vivre au jour le jour»
Contrairement à ce que l’on entend trop souvent aujourd’hui, priorité doit être donnée à la libération des forces financières. De nouveaux modes de partage des risques doivent être promus. Dans l’acception habituelle, les marchés financiers garantissent l’ouverture (« Openness »). L’ouverture ne suffit pas. Nous avons besoin de ce que nous appelons dans cet article «d’excentricité responsable». En d’autre s termes, il est impératif que les talents (initiative individuelle, entrepreneuriale) puissent se marier au capital sous ses formes les plus créatives (fonds propres, dettes, titres hybrides, dérivés, titrisation etc…) et que chacun des deux éléments de ce mariage soient tenus de rendre des comptes – privés et publics (justice, police etc.. ) à l’autre partie à tout moment.
Voici les liens vers la version française Haiti.doc et la version anglaise Haiti2.doc de l'article mentionné ci-dessus.
Les vues exprimées dans cet article sont similaires à celles développées par Frédéric S. Mishkin dans son dernier ouvrage "The Next Great Globalization: How Disadvantaged Nations Can Harness Their Financial Systems to Get Rich."